Une archive, une histoire…

Les Lavoirs

Au début du siècle dernier, Levallois dispose de 11 lavoirs, répartis sur son territoire. Le lavoir de la Fontaine est situé rue des Arts (aujourd’hui rue Marius Aufan). Son propriétaire, Monsieur Semichon ouvre rapidement un second lavoir (le lavoir de la Source).

Le lavoir de la Fontaine

Le lavoir de la source, rue Édouard Vaillant est le plus important (il comprend 6 essoreuses, 5 chambres chaudes à tiroirs pour le séchage, 16 chambres chaudes fixes…. Et même 1 monte-charge actionné par la vapeur !

L’usine Olida à Levallois

Ernest-Olida installe son usine à Levallois en 1897 au 118 rue Baudin. Sa spécialité ? Le jambon d’York.

Dès 1906, la marque fabrique des jambons en conserve, technique révolutionnaire pour l’époque. Il faut arriver à s’imaginer qu’aux débuts de l’usine, les cochons arrivent vivants ! Conserves de légumes, charcuterie, chocolats, pâtisseries … apparaissent ensuite.

Olida fonde sa réputation sur le triptyque «  jambon, saucisson, pâté de foie ». La fabrique est décorée à Verdun pour avoir ravitaillé les soldats. Elle approvisionne l’expédition polaire de Paul-Emile Victor. Elle fournit l’équipe de Maurice Herzog pour l’ascension de l’Annapurna.

En 1985, l’usine levalloisienne disparaît.

Des roses et des abeilles

Dans le cadre de la 17ème édition de Jardin bonheur avec cette année le thème de la rose et du rose, je voulais vous raconter le lien entre « la reine des fleurs », les abeilles et l’histoire de la Ville.

Un lieu-dit surprenant

Avant la création de la Ville, il existait un lieu-dit au nom évocateur de Champ-aux-roses dont les parcelles se situaient sur le territoire de Neuilly-sur-Seine.

Si cette dénomination n’est en rien officielle, elle renvoie néanmoins à la présence bien réelle d’une culture à destination des parfumeries et savonneries, celle de la rose.

Sa fragrance si caractéristique rentre dans la composition de plus de la moitié des parfums féminins. Pour autant cette culture si particulière a disparu avec le développement urbain de la Ville.

Il est difficile aujourd’hui d’imaginer que Levallois était une ville faite d’ateliers et d’usines et parmi cette industrie, la parfumerie et la savonnerie occupaient une place de premier plan.

Ce lien historique est visible sur les armoiries de la ville.

Selon Robert LOUIS, dessinateur héraldiste, nous explique dans un article sur l’historique des blasons des chefs-lieux de canton, que « le blason de Levallois concrétise par les abeilles le travail de cette laborieuse cité     et les deux industries qui sont à l’origine de la prospérité de Levallois sont rappelées par le brûle-parfum et la roue d’engrenage ».

Dès 1860, Antonin Raynaud installe ses usines modernes, rue des champs, aujourd’hui avenue de l’Europe.     Il s’agit de la Maison Oriza-Legrand, fondée en 1720 par Fargeon, le parfumeur du roi Louis XV et de Ninon de Lenclos.

En 1909, cette célèbre Maison de Parfums présente aux élégantes parisiennes dans sa prestigieuse boutique du 11 Place de la Madeleine le parfum « Jardins d’Armide ». ( Armide est une des plus emblématiques magicienne du 17 -ème siècle, et ses jardins légendaires étaient le symbole de la beauté et du merveilleux).   

La Reine des Fleurs, la Rose, est au cœur de ce parfum enchanteur et 20 ans plus tard, nous la retrouvons dans les fragrances de « Marions-nous ! » créé en hommage à une pièce de théâtre en vogue à ce moment.

Oriza-Legrand n’est pas l’unique marque de parfumerie présente à Levallois. Il faut ajouter Roger & Gallet, Gellé Frères, Cosmydor, et Jean Patou.

Une roseraie au cœur de notre Ville !

Si le Champ-aux-roses n’existe plus depuis longtemps, il nous reste malgré tout des roses à Levallois, grâce à la jolie roseraie du parc de la planchette.

En 1925, le maire Louis Rouquier décide d’acquérir les dernières parcelles de l’ancien domaine de la Planchette.

Son souhait est de permettre aux habitants de disposer d’un lieu de nature et de convivialité.

Rapidement, l’aménagement paysager est confié à l’architecte-paysagiste René Édouard André, ingénieur des Arts et Manufactures et professeur à l’École Nationale d’Horticulture de Versailles. C’est d’ailleurs lui qui crée en 1900 les parterres du jardin de l’Hôtel de Ville de Versailles, c’est à lui aussi qu’est confié la conception des parcs de Monte-Carlo, ainsi que celle de nombreux jardins d’Hôtels particuliers à Paris.

Il est le premier Européen à constituer une imposante collection d’Anthurium, il en a rapporté plus de vingt-cinq espèces en Europe.

Sur les plans datés de novembre 1925 une roseraie y est présente sans indiquer s’il s’agit d’une roseraie déjà existante ou d’une future création. Néanmoins, il est ajouté au centre de cette roseraie en demi-cercle un monument imposant.

Il s’agit d’un groupe en bronze, posé sur un socle circulaire, représentant un lion couvrant une femme allongée de sa patte. Il porte le nom de la fiancée du lion et est l’œuvre du sculpteur Henri Amédée Fouques. Cette sculpture sera fondue durant la Seconde Guerre mondiale, lors de ce que l’on a appelé les vendanges de bronze, seul son socle vide habillé de verdure attestera de son ancienne présence.

Par la suite, cette roseraie est plusieurs fois remaniée, pour finalement être renommée en 2019 la roseraie Cécile Vannier. Actuellement, une délicate gloriette abrite un buste à son effigie.

Si vous souhaitez offrir des roses… Méfiez-vous !

Offrir des fleurs est une attention toujours appréciée, mais avant de vous précipiter chez le fleuriste, un petit conseil : renseignez-vous sur le langage des fleurs pour ne pas être maladroit !

« la rose symbolise différents sentiments suivant son type ou sa couleur : l’amour pour la rose anglaise, l’amour qui soupire ou la sagesse pour la rose blanche, la sympathie pour la rose de Chine, l’infidélité pour la rose jaune, le serment d’amour pour la rose rose, la vertu ou l’amour ardent pour la rose rouge, le plaisir pour la rose thé, l’amour simple pour la rose trémière ».

Si la symbolique s’arrêtait là, ce serait relativement simple, mais non ! le nombre de roses composant votre bouquet délivre aussi un message !

  • Une rose permet de dévoiler son amour en toute simplicité ;
  • Deux roses permettent de se faire pardonner ;
  • Douze roses permettent de remercier sa bien-aimée, de faire une demande en mariage ;
  • Vingt-quatre roses pour être galant ;
  • Trente-six roses pour déclarer son amour (bouquets de fiançailles) ;
  • 101 roses peuvent s’offrir pour exprimer la passion et l’amour sans retenue.

Les abeilles

La rose, et les fleurs en général renvoient aux abeilles qui sont là encore un élément de nos armoiries. Les abeilles symbolisent le travail et représentent sur nos armoiries les femmes et hommes qui travaillaient dans les grandes usines de Levallois.

Les sorties d’ateliers ressemblaient à une ruche en effervescence. Il existait même une drôle d’élection : celle d’une Reine des abeilles.

Savez-vous que depuis plusieurs décennies, Levallois dispose d’une quarantaine de ruches qui sont situés sur l’île de la Jatte et dans le Parc Alsace ?  

Le nombre estimé d’abeilles est de deux millions. Elles sont veillées et choyées par un apiculteur municipal (vous pouvez trouver le miel récolté tous les ans, auprès de Levallois Découvertes).

Les abeilles jouent un grand rôle dans la biodiversité. En effet, elles assurent la quasi-totalité de la pollinisation de 80 % des espèces de plantes.

Un dernier clin d’œil à propos des abeilles… c’est aussi le nom que porte les bus du réseau de transport gratuit de la Ville, et la ruche est le nom donné aux activités extra-scolaires proposées aux enfants après l’école.

J’espère que tout cela vous aura donné envie de participer à l’évènement jardin bonheur !

Mlle Louise Vialatte, Reine des ouvrières

Une archive, une histoire

Les bateaux passeurs

Au début du siècle, les guinguettes font recette sur l’Ile de la Jatte qui est un lieu de loisirs pour les Levalloisiens, mais aussi pour les Parisiens tout proches.

Pour s’y rendre, un seul moyen : utiliser les bateaux passeurs, car il n’existe pas encore de pont. Pour appeler ces bateaux passeurs, il suffisait de sonner la cloche ! Cela participait au dépaysement.

Sur cette image, il s’agit du ponton du bateau « La Félicité »

La caserne des pompiers

La caserne des pompiers n’a pas toujours été installée là ou vous la connaissez ( avenue Georges Pompidou) !

En effet, en 1911, la caserne des pompiers de Levallois est inaugurée place de la République, entre les rues Rivay et Président Wilson, face à la poste qui est inaugurée le même jour.

Entre 1939 et 1942, ce centre de secours est déplacé au 155 rue Danton.

caserne des pompiers 155 rue Danton

Bien plus tard, avec la restructuration de la ZAC Front-de-Seine, la municipalité décide de programmer la construction d’un nouveau centre de secours pour remplacer celui existant, particulièrement obsolète.
Situé à l’angle de la rue Danton et de l’avenue Georges-Pompidou, il est inauguré en 2003. Il permet aux sapeurs-pompiers de Levallois d’exercer leur mission dans d’excellentes conditions.

Des sculptures que vous ne connaissez pas !

Suite à l’article du 1er mars « Le printemps de la sculpture », j’avais envie de vous révéler l’existence de statues discrètes, de par leur situation géographique, mais de factures intéressantes. Elles sont conservées sur leur lieu originel, qui ne va pas manquer de vous surprendre.

De plus, elles ont un rapport direct avec la Ville de Levallois.

Avant de vous parler de ces statues, il me faut vous parler d’un sacré personnage.

Antonin Raynaud: industriel, homme politique et philanthrope

Antonin Raynaud est né dans les Alpes-Maritimes, en 1827. Il est propriétaire d’une parfumerie à Paris, et cherche à fuir les droits d’octroi élevés de Paris.

Il installe son usine (Oriza-Legrand), en 1860, sur un terrain de près de deux hectares, dans ce qui n’est encore que le Village Levallois, et présente l’avantage d’être très proche de la capitale.

Après avoir construit et donné vie à son usine, en 1886 Antonin Raynaud, très sensible aux problèmes de salubrité de son époque, construit sur son terrain un hospice (la Fondation Raynaud) pour personnes âgées et infirmes, au 45 rue Gide (actuelle rue Paul-Vaillant-Couturier).

Avec l’architecte Laruelle, ils portent un grand soin à l’esthétique de l’édifice, alternant avec élégance briques rouges, blanches et même bleues, pierres et ferronneries. La façade est ouverte de larges baies donnant sur la verdure d’un grand jardin et d’un potager.

L’administration en est confiée aux Petites Sœurs des pauvres, qui disposaient d’une chapelle au centre de la cour, jusqu’à sa désaffectation dans les années 1970. Une partie appartient actuellement à la Ville (résidence Mathilde Girault) et l’autre au Conseil départemental. Il est actuellement le siège de l’Office départemental HLM.

En 1888, après avoir été Conseiller municipal, Antonin Raynaud succède à Jean-François Trébois en qualité de Maire de Levallois.

Durant son mandat, les initiatives d’Antonin Raynaud témoignent de sa modernité : mise en place du premier téléphone à la Mairie, étude d’un projet de métropolitain, installation de l’électricité publique dans les rues, projet d’enterrer les câbles aériens…

Très affecté par le décès de son épouse, Antonin Raynaud démissionne du Conseil municipal le 13 janvier 1890.

La même année, il est élevé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur au titre de « Fondateur de nombreuses œuvres de bienfaisance« .

Antonin Raynaud meurt en 1903, après s’être remarié.

Il repose, ainsi que ses deux épouses, dans un tombeau de marbre blanc, situé dans la crypte de la chapelle de l’hospice qu’il avait créé à Levallois.

Les bustes d’Antonin et Marie Raynaud

La crypte de cette chapelle, outre le tombeau de la famille Raynaud, est gardienne des bustes d’Antonin et Marie Raynaud (sa première épouse)

Sculptés en marbre blanc, ils sont signés de Damé Ernest et ont été créés en 1889. Ils reposent sur un piédouche (piédestal mouluré carré ou circulaire qui sert à porter un buste, un vase, etc.) et mesurent 70 cm de haut pour Monsieur, et 80 cm pour Madame.

Ils se font face, de part et d’autre du tombeau.

La Charité recueillant la Vieillesse

Toujours au sein de la chapelle de l’ancien hospice Raynaud, sur l’un des bas-côté se trouve un groupe sculpté: « La Charité recueillant la Vieillesse ». Il s’agit d’une allégorie. La Charité est représentée par une femme en pied, de face et semble protéger deux personnages. Un vieil homme à sa gauche, debout et penché, s’appuyant sur un outil, et une vieille femme agenouillée à sa droite, empoignant sa robe.

Cette imposante sculpture (2 mètres 80 de haut) est, elle aussi, réalisée par Damé Ernest, en marbre blanc. Elle est datée de 1890, et a subi une modification importante.

A l’origine, un autre groupe en décorait la façade mais il a été déplacé. Il orne à présent le tombeau d’Antonin Raynaud. Il s’agit des médaillons représentant le couple Raynaud, flanqués de deux angelots couchés sur le coté, et tenant une couronne de fleurs.

Je voulais vous présenter deux autres bustes, que vous aurez la chance d’ admirer si vous vous rendez à une séance du Conseil municipal.

Marianne

Une dizaine de Mariannes cohabitent au sein de l’Hôtel de ville. Je tenais à vous montrer celle qui siège dans la très belle salle du Conseil Municipal.

Ce buste en bronze daté de 1889 est intitulé La République et a été commandé à Jean-Antoine Injalbert (1845-1933). Il célèbre le centenaire de la Révolution française.

Jean Jaurès et Nicolas Levallois

Le buste de Jean Jaurès qui trônait dans la salle du conseil municipal a été créé en 1914 par Gabriel Pech (1854-1933), et est réalisé en plâtre, avec une patine bronze.

C’est Louis Rouquier (Maire à l’époque) qui propose lors de la séance du Conseil municipal du 27 janvier 1920 l’acquisition de ce buste. Il est déjà prévu de le faire siéger dans cette salle du Conseil à ce moment-là.

Il a été remplacé par celui, en bronze, de Nicolas Levallois (créé par Patrick Burguet et coulé en 2004), et est actuellement conservé au sein du service des archives municipales.

Buste de Nicolas Levallois

Une archive, une histoire…

Une brûlerie de café devient l’Escale

En 1914, Levallois compte plus d’une dizaine de brûleries et marchands de café, et l’usine Carvalho et Cie est la plus importante. Les ateliers de torréfaction sont créés en 1897. Cet établissement, très moderne, est situé à l’angle des rues Gide (Paul-Vaillant-Couturier) et Victor Hugo.

Il traite d’énormes quantités de café vert provenant de ses plantations brésiliennes. Le bâtiment toujours existant abrite aujourd’hui le centre culturel l’Escale.

L’église Saint Justin

Non ce n’est pas le jeu des « 7 erreurs », le clocher de l’église a bien été déplacé lors des dernières grosses restaurations !

Le 9 août 1852 à la Saint Justin, Nicolas Levallois pose la première pierre de l’église consacrée sous ce vocable. Le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte prend le pouvoir. Le jeune village bonapartiste d’à peine sept années affirme son autonomie par rapport à la commune de Clichy.

Les travaux durent trois ans. Monseigneur Sibour, archevêque de Paris, vient la bénir (il sera assassiné 5 ans plus tard par un prêtre réfractaire). Un décret impérial du 25 avril 1857 crée la paroisse de Levallois. Une étape est franchie vers l’émancipation du village.

Agrandie en 1873, l’église est reconstruite en 1882. Elle est de nouveau agrandie en 1897, et restaurée en 1912.

Dans une délibération du 23 novembre 1945, le conseil municipal rebaptise la « place de l’église » : « Place Estienne d’Orves « . Officier de marine né à Verrières-le-Buisson le 5 juin 1901, il est un héros de la Seconde Guerre mondiale, martyr de la résistance. Trahi par un de ses agents, il est condamné à mort par un tribunal militaire allemand. Il est fusillé au Mont Valérien le 29 août 1941.