Un anniversaire « photo sensible »

Le Photo-Club de Levallois fête 120 ans de passion ! En effet, Le 22 mai 1902, un groupe de passionnés et d’amateurs fonde une association : le photo club de Levallois-Perret.

Nicéphore Nièpce

Avant de retracer l’histoire de ce club, je vous propose un rapide retour sur l’histoire et la naissance de la photographie.

Le mot « photographie » signifie étymologiquement « dessin avec la lumière ». Si la première photographie est attribuée à Nicéphore Nièpce, elle est issue d’une technologie qui combine deux sciences distinctes : l’optique et la chimie.

Une avancée grâce à l’optique

La chambre noire (connue aussi sous le terme de Camera Obscura),  était déjà connue, entres autres, par Aristote (384-322 AV J-C), et plus  près de nous par Léonard de Vinci (1452-1519).  À l’origine, son principe est observé par le philosophe grec Aristote. Dans ses Problematica le philosophe relate que « la lumière qui entre par un petit orifice dans une pièce noire produit une image à l’extérieur de la pièce sur le mur opposé à l’orifice, que cette image est inversée et que sa taille augmente au fur et à mesure que la surface s’éloigne de l’orifice ». Sous l’Antiquité, le principe de la chambre noire est utilisé pour observer les astres, notamment le soleil. Certains savants datent l’invention de la chambre noire au VI ème siècle avant J.-C., en Chine.

On peut la considérer comme l’ancêtre de l’appareil photographique. D’une simplicité déconcertante, elle est constituée d’une boîte fermée, étanche à la lumière, dont une des faces est percée d’un très petit trou, le sténopé. L’image inversée et renversée d’un objet éclairé placé devant le trou se forme sur la paroi opposée.

Le principal inconvénient du sténopé est son manque de luminosité. En effet, la définition de l’image produite est en fonction de la dimension du trou. Pour obtenir une image suffisamment détaillée, celui-ci doit être le plus petit possible ; mais alors il ne passe que très peu de lumière et l’image est peu visible.

Au XVI ème siècle, la netteté de l’image s’améliore avec l’introduction de la lentille. Une lentille de verre, qui focalise les rayons lumineux, améliore les performances du sténopé : le diamètre de l’ouverture étant plus important, davantage de lumière entre et l’image est plus claire.

Une avancée « fixée » par la chimie

Les alchimistes savaient que la lumière noircissait le chlorure d’argent. Vers 1780 Jacques Charles, , parvint à figer, mais de façon fugitive, une silhouette obtenue par le procédé de la chambre noire sur du papier imbibé de chlorure d’argent. Quelques années plus tard, des expériences analogues sont faites avec le nitrate d’argent. Au début du 19eme siècle, les propriétés de l’hyposulfite de sodium sont découvertes et utilisées comme fixateur afin de conserver les images.

L’image capturée est enfin enregistrée, et fixée de manière permanente sur un support photosensible (sensible à la lumière), la photographie est née et peut prendre son essor !

Ainsi, la pratique de la photographie se développe sous la forme de société scientifique, et la Ville de Levallois ne pouvait échapper à ce phénomène.

1902, la création

Le photo club de Levallois-Perret est créé le 22 mai 1922 par une communauté de passionnés et d’enthousiastes. Ce club voit le jour sous la forme d’une association loi 1901, intitulé PCLP.

Les statuts de l’association sont déposés. Ils indiquent que le but est l’étude de la photographie et de ses diverses applications artistiques, scientifiques et industrielles.

Le photo club est géré par un conseil d’administration composé de onze membres élus par l’assemblée des membres actifs pour une année et rééligibles.

Ses statuts sont aussi à l’image d’une époque où les dames ne sont pas admises, les discussions politiques ou religieuses ainsi que les jeux d’argent et de hasard sont strictement interdits dans les locaux.

La cotisation annuelle est fixée à 1 franc avec un droit d’entrée la première année de cinquante centimes.

Le premier président du Photo-club est Henri DEMEILLIER, fonction qu’il exercera jusqu’en 1922. Cette personne est connue à Levallois comme sous-directeur de la parfumerie Gellé Frères mais également membre honoraire de la société des artistes de Levallois.

Le PCLP, une association en plein « développement » dans son temps

A partir d’avril 1903, le siège social de l’association se situe à l’Hôtel de ville et ses locaux se trouvent dans le sous-sol. C’est un changement agréable par rapport aux débuts, car ils se situaient au sein de la salle Rivay (ancienne mairie).

En 1905, l’association compte 77 membres répartis en 56 membres actifs et 21 membres honoraires.

Le Photo club procure à ses adhérents des avantages multiples : Des réunions, cours et conférences sont organisés régulièrement, tout comme des excursions collectives dans la grande banlieue.

Membres du Photo club en 1904
Excursion collective en 1952

L’association doit être perçue comme une société scientifique et non un simple groupe d’amateurs. Pour cela le Photo Club dispose de son propre laboratoire de développement, de matériel et d’une bibliothèque de livres et journaux empruntables au sein de l’Hôtel de Ville.

Par ailleurs, le photo club permet de participer à des essais d’appareils, de procédés et de produits photographiques nouveaux. Ainsi, les sociétaires ont connaissance des tendances et des dernières nouveautés.

Tout ceci explique qu’un nombre d’adhérent participe très tôt à des concours ou des expositions à dimension locale, nationale puis internationale.

« Bain d’arrêt » pour le photo club

L’activité du photo club connaît des difficultés notamment lors des conflits mondiaux. La Première Guerre mondiale met entre parenthèse toute activité. Ceci s’explique par la mobilisation des hommes et l’effort de guerre.

En août 1919, les membres du bureau se réunissent pour redémarrer l’association, et une assemblée générale extraordinaire est convoquée le 10 septembre 1919 pour relancer l’activité. Lors de la séance, le photo-club rend hommage à deux de ses membres morts pour la France.

La situation est analogue lors de la Seconde Guerre mondiale. Le photo club doit délaisser le local en sous-sol pour cause de défense passive. Les réunions ont lieu, tant bien que mal, dans les cafés jusqu’en 1942, puis l’activité cesse à nouveau. Il est difficile de trouver le matériel pour faire fonctionner l’association et les clubs de photographes sont surveillés. Toute prise de photographie peut apparaitre suspecte.

Des évènements marquants

Carte de membre du Photo club

Dès 1923, les femmes souhaitent adhérer à cette association innovante, plusieurs tentatives sont faites, et elles ont enfin gain de cause en 1938 et sont autorisées à devenir membre du Photo club.

Parmi les grands succès, il faut noter l’organisation d’expositions pour les 50 ans (1952), 80 ans (1982) et les 100 ans (2002) du Photo Club, au sein de l’Hôtel de Ville.

Mais aussi, la réalisation régulière d’expositions de photographies lors de la semaine de la photo, avec la présence des artistes eux-mêmes, dont Robert DOISNEAU en mai 1987(au centre culturel Maurice Gabriel).

L’Escale n’est pas en reste, et d’importantes expositions photos y sont organisées aussi, comme en mai 2020 avec Willy RONIS.

En 2010, un collectif « X23 » est créé au sein du Photo Club. Il regroupe une vingtaine d’adhérents autour d’un projet artistique et propose chaque année une exposition collective sur un thème.

Cette année, le thème était « Horizons ».

Le Photo club et la Ville vous invite à venir découvrir l’exposition réalisée à l’occasion des 120 ans à l’Escale du 14 octobre au 05 novembre. Vous aurez peut-être une « révélation » !