Si aujourd’hui, on dénombre trois marchés à Levallois, offrant la possibilité de faire ses courses tous les jours de la semaine, ça n’a pas toujours été le cas.
A l’occasion de l’inauguration du nouveau marché Henri-Barbusse, après sa réouverture en avril 2021, je tenais à revenir sur son histoire, car c’est le plus grand, avec une superficie de 3 573m2, mais aussi le plus ancien de la Ville, il apparait bien avant la naissance de notre commune.
Le premier marché de Levallois
Comme je vous le disais, ce marché est le plus ancien de Levallois. Sa création est décidée en 1858, bien avant l’autonomie de village Levallois en Commune ( pour rappel, la ville de Levallois est créée en 1867).
Dans les années 1870, plus de 300 marchands animent la place, aujourd’hui connue sous le nom d’Henri-Barbusse. Elle a eu différentes identités : Saint -Vincent- de- Paul jusqu’en 1878, place du marché jusqu’en 1946, date à laquelle elle est baptisée sous son nom actuel.

A l’époque, ce marché à ciel ouvert se tient chaque mardi et vendredi, de 7 heures à 15 heures, et ouvre une heure plus tard en hiver. Au centre du marché trône une fontaine, destinée à assurer la fraîcheur des étales et des marchandises, mais aussi à faciliter le nettoyage des lieux après les ventes. A chaque angle, des urinoirs sont présents.
La difficile couverture du marché
Le 25 février 1871, le maire Jean-Baptiste Codur fait remarquer au Conseil municipal qu’au cours des hivers, et en cas d’intempéries, les acheteurs désertent le marché. Il propose donc la construction d’un marché couvert, dont les frais seraient amortis par une journée de marché supplémentaire fixée le dimanche. Cependant, cette idée ne fait pas l’unanimité et ses détracteurs jugent les finances publiques trop faibles pour accomplir un tel projet. De plus, ils considèrent que « l’ouverture d’un jour de plus favoriserait les marchands étrangers au détriment des commerçants locaux ».
C’est la commission des marchés, dont le rapporteur est Gustave Eiffel, qui est chargée de statuer sur la question : le Conseil municipal du 8 décembre 1871 adopte la proposition du Maire « afin de rendre plus facile l’alimentation de la population, notamment pour les classes laborieuses qui travaillent toute la semaine et qui pourront profiter de ce jour de repos pour acheter leurs provisions hebdomadaires ».
En revanche, le projet d’établissement du marché couvert n’est pas adopté pour la cour centrale. Dès 1873, les premiers abris sont construits autour de la place par Hamerel, l’architecte voyer de la Ville. La réception définitive des travaux a lieu le 5 novembre 1877 et se chiffre aux alentours de 174 935 francs (plus de 26 680 euros).

Il faut savoir que déjà à cette époque, la Ville ne gère pas directement les marchés, mais assure leur tenue grâce à des concessions. Les clauses et les conditions sont strictes : l’entretien des bâtiments, des voies et des plantations sont à la seule charge de la Ville. En revanche, les éventuelles dégradations sont à la charge du concessionnaire qui doit aussi fournir en location « le matériel nécessaire aux marchands, composé d’une table de 2 mètres, de 2 tréteaux et d’une barre ».
Toutes modifications, tant intérieures qu’extérieures de la part du concessionnaire doivent impérativement avoir l’accord de l’Administration municipale.
Le renouvellement de concessionnaire en 1898 révise la configuration du marché principal. La fontaine est enlevée aux frais de la Ville ainsi que la première rangée d’arbres touchant l’auvent et les deux petits bâtiments servant de réserve pour le matériel.
La cour centrale est couverte à son tour par les soins de la Ville, conformément aux plans et au cahier des charges, dressés par l’architecte voyer, Henry. La dépense occasionnée pour cette nouvelle construction n’est pas supportée par le concessionnaire jusqu’à son terme, et c’est la commune qui finit de rembourser le coût des travaux, à raison de 12 annuités égales sans qu’il soit tenu compte des intérêts. En définitive, les travaux ont coûté 80 281, 32 anciens francs (12 240 euros).
Puis ce marché est modernisé avec l’éclairage en 1925 et en 1931 l’installation d’une horloge électrique.
Le marché fait peau neuve
Dans les années 1960, le marché couvert est jugé vétuste et inadapté. Le Conseil municipal décide de le démolir et de construire un nouvel ensemble composé d’un garage en sous-sol, d’un marché, d’un gymnase, et de 90 logements.
Il faut attendre 1994 pour que ce lieu soit entièrement rénové par l’architecte Guy Cargili. L’aspect extérieur conserve l’esprit des halles d’antan avec de larges baies vitrées accompagnées de structures métalliques laquées. Les abords sont aménagés pour assurer la sécurité des piétons. L’intérieur est totalement repensé pour faciliter le travail des commerçants avec de nombreuses prises électriques et des robinets d’eau.
Dans la nuit du 17 au 18 aout 2019, un incendie ravage le marché (mais épargne le gymnase et les logements). Tel le phénix, ce marché renait de ses cendres sous la forme que nous connaissons actuellement.
Nous avons retrouvé les statistiques des marchandises introduites sur ce marché pendant l’année 1901 : 7 800 kilos de poissons, 188 000 kilos de viande, 500 000 de fruits et légumes… par 430 marchands !
Pour aller plus loin :
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