« Quand une belle image rencontre un bon slogan »

« Quand une belle image rencontre un bon slogan….. » Cela donne une bonne affiche ! Et selon Raymond Savignac, « l’affiche est fille des rues, populaire et aristocratique. Fleur du pavé ou reine de palissade, elle s’offre à tous sans jamais perdre son quant-à-soi ».

Si l’affiche est un moyen d’expression et de propagande politique couramment utilisé, c’est un support populaire, une mode, un objet d’art et de collection, mais surtout un mode essentiel de communication publicitaire.

Comment faire circuler des informations

Au Moyen-Âge, la plupart des Français sont illettrés, et les annonces officielles sont faites par un crieur public. De nombreuses  générations successives de petits commerçants ont fait eux même leur réclame, en criant le plus aigü et fort possible dans les rues pour vanter leurs marchandises.

Du XVIe au XVIIIe siècle, l’affichage est le privilège  exclusif  de l’église et du pouvoir royal. Très peu de ces documents sont illustrés, mais quelques affiches de recrutement sont ornées d’une gravure représentant des soldats portant un bel uniforme, afin de susciter des vocations militaires.

 

Petite histoire de l’affiche publicitaire

Tout comme la carte postale, c’est au XIXe siècle que l’affiche connait un essor spectaculaire. Plusieurs raisons sont à invoquer. Il y a tout d’abord  un facteur économique et politique : cette ère industrielle de plus en plus libérale génère une très importante production qui entraine une importante consommation. Les premiers grands magasins apparaissent, avec le besoin de se faire connaitre, les cafés concerts, les journaux et les chemins de fer vont utiliser l’affiche pour soutenir leur développement.

 Rappelons que c’est aussi à cette période que  la liberté d’expression acquiert une place plus importante au sein de la société, et les pouvoirs publics, en instituant l’obligation de l’enseignement scolaire, ont certainement  participé au développement de ce support.

Il y a une raison technique : les recherches conjointes de J. Rouchon (fabricant de papier) et G. Engelmann (imprimeur) permettent la mise au point d’un procédé d’impression en couleur : la Chromolithographie. On peut alors éditer des images en série : affiches, cartes, catalogues…

De plus, Paris est en pleine rénovation. Les travaux engendrent des espaces vierges disponibles pour l’affichage, et le plan d’urbanisation prévoit du mobilier urbain spécialement dédié à l’affichage publicitaire. En 1884, la ville de Paris met en vente le droit d’affichage sur les murs pignons qui lui appartiennent (cela représentait 14 700 m²) C’est aussi le moment où Paris est le haut lieu de la peinture. Du monde entier viennent des artistes qui cherchent à enrichir leur talent, et /ou à le faire reconnaitre. Les éditeurs et les imprimeurs puisent dans ce vivier. Il s’agit de travaux de commande, rapidement exécutés, et surtout payés aussitôt réalisés. Le dessin d’affiche est une aubaine pour des artistes parfois encore inconnus, qui peinent à vivre de la vente de leurs tableaux.

On trouve parmi les affichistes les noms d’un grand nombre de peintres célèbres : Toulouse-Lautrec, Théophile Steinlen, Édouard Manet, Alphonse Mucha, Félix Vallotton…

Les affiches illustrées peuvent être réparties en différentes catégories, qui ont chacune leurs particularités : affiches administratives, affiches  politiques, affiches culturelles (les plus nombreuses à cette époque), et les affiches  publicitaires proprement dites, celles qui célèbrent les qualités des produits d’usage courant.

Un peu de couleur, de poésie, voire d’humour sur nos murs

Je vous propose de vous plonger dans les affiches publicitaires qui ont orné les rues de Levallois.     

Les affiches publicitaires qui font partie du fonds de nos archives, attestent de la diversité des différentes industries et commerces installés dans notre commune.

L’industrie automobile a fourni un  grand nombre d’affiches, Clément-Bayard, Ader, Buchet, Ford… mais aussi des fabricants de  moteurs et de pièces détachées.

 

Les fabricants de cycles ne sont pas en reste, les cycles Megret, les cycles Clément, mais surtout les cycles Sirius nous ont laissé de belles affiches.

 

Une autre industrie qui a marqué notre ville est celle du parfum et des cosmétiques, rappelons différentes marques qui ont été présentes  à Levallois : Cosmydor, Eau de Botot, Savonnerie Continentale, Jean Patou, Oriza, Gellé Frères, Roger et Gallet… Nous n’avons, hélas, qu’un petit nombre d’affiches attestant de leurs activités levalloisiennes.

Des campagnes publicitaires d’autres marques ont aussi habillé nos murs : le cirage Marcerou, le cafexqui, mais encore plus célèbre : Olida et Amer Picon !

Un autre type d’affiche a agrémenté nos rues. Il s’agit d’affiches administratives, de propagandes et encore des affiches annonçant des évènements culturels ou festifs, mais je vous en parlerai peut-être une autre fois.

Certaines  affiches dont je viens de vous parler ont certainement été imprimées à Levallois. Si en 1904, on comptait 5 imprimeries parmi les artisans levalloisiens, on en dénombre 12 en 1914.

Un peintre-paysagiste levalloisien au service d’affiches

Il est difficile de conclure ce petit tour des affiches sans évoquer Constant Duval, un artiste levalloisien. Peintre et spécialiste des affiches publicitaires ferroviaires, il est né en 1877 dans l’Yonne, mais a passé la plus grande partie de sa vie à Levallois. Il y a été employé municipal de 1923 à 1948 en qualité de professeur de dessin.

Reconnu comme peintre-paysagiste de talent, il est sollicité par les différentes compagnies de chemin de fer pour réaliser leurs affiches publicitaires. Il réalisera plusieurs séries, notamment les châteaux de la Loire pour la Compagnie des Chemins de Fer d’Orléans, les forteresses de la Bretagne et les plages de Normandie pour les Chemins de Fer de l’État. Quelques affiches de cinéma sont aussi de sa création.

 

 

Les affiches font l’objet de collections, souvent par époques et par thème. Destinées à un affichage éphémère, arrachées, ou souvent recouvertes par d’autres au fil du temps, elles sont rares et certaines très recherchées.

Il a fallu sortir les rames

Le premier risque naturel en France est celui des inondations, qui comme nous pouvons le déplorer sont capables de générer des catastrophes telles  celles rencontrées dans l’arrière-pays niçois début octobre. La France, en raison de la diversité des influences climatiques, connait une grande variété de type d’inondations : crues pluviales, nivales (dues à la fonte des neiges au printemps), par remontée de nappe, submersion marine, crues et laves torrentielles.

La région parisienne a connu des inondations spectaculaires lors de la crue de janvier 1910 qui est devenue la crue de référence.

Quand la Seine fait des siennes

La crue de janvier 1910 atteint des records. Le 28 janvier, elle atteint 8,62 mètres à Paris, et au pont d’Austerlitz, le Zouave a de l’eau jusqu’aux épaules, et la tour Eiffel prend un bain de pieds !

Levallois n’échappe pas à cette catastrophe.

Des origines multiples

La crue de la Seine est le résultat d’un ensemble d’éléments simultanés.  Dès l’automne et l’hiver 1909, toutes les conditions de cette crue de janvier 1910 sont réunies. Le mois de décembre 1909 est très humide, et connait des précipitations beaucoup plus importantes que la normale (+de 50 %). La première semaine de janvier, stable et sèche, est suivie de deux semaines de précipitations exceptionnelles. Les sols sont alors saturés presque en continu.

De Paris à Levallois

En bord de Seine et à Paris, certaines rues sont entièrement submergées, des maisons menacent de s’écrouler sous 2,40 mètres d’eau. Elle se déverse par les égouts, les tunnels du métro, les caves, dépassant ainsi les abords de la Seine pour assaillir les  villes avoisinantes.

C’est l’engorgement des égouts venant de Paris qui provoque le plus de dégâts à Levallois.

La Municipalité  levalloisienne, voyant venir la crue, commence à évacuer les habitations en bordure de Seine, vers le 20 janvier. Comme dans toutes les zones inondées, la police, aidée de l’armée et de la gendarmerie, intervient pour limiter le pillage des maisons et des magasins abandonnés.

Les écoles de Levallois sont réquisitionnées et occupées par les troupes ou utilisées comme refuges pour les sinistrés. Les établissements industriels situés près des quais (comme Clément Bayard ou Blanc de zinc) ferment leurs ateliers. Le chômage technique s’étend, touchant tragiquement la population ouvrière de la ville.

Les axes de communication sont gravement affectés. Les trains circulent de façon  irrégulière, car à Paris, l’eau envahit les souterrains du métro (il ne reprendra du service que deux mois plus tard). Le téléphone et l’électricité sont souvent coupés. A Levallois, on se déplace en barque, ou sur des trottoirs surélevés, construits à la hâte, en bois.

 

Ironie de l’histoire, fin janvier, l’eau potable commence à manquer. Levallois est ravitaillée par des tonneaux d’arrosage, avant d’être connectée aux canalisations de Paris.

Cette situation catastrophique, le Président de la République  la constate et en fait l’expérience lors de sa visite du 24 janvier. Il est à bord d’une barque, et sous une pluie diluvienne.

À l’Assemblée nationale, Albert WILLM, le député de Levallois, décrit sa ville comme « une ville transformée en une sorte de cimetière noyé sous les eaux, et dont les victimes n’ont pas reçu un sou ».

Suite à cette crise sans précédent, il faut s’armer de patience

Il faut attendre la décrue, très lente (un centimètre par heure) au début du mois de février, pour découvrir toute l’étendue des dégâts.

À Levallois, comme dans toutes les zones sinistrées de la boucle de la Seine, la vie normale  et l’activité industrielle ne reprennent que fin février, après six semaines de désolation. Réparation des rues dépavées, des trottoirs effondrés, des écoles fissurées, des égouts endommagés, désinfection des maisons… pour Levallois, le bilan est lourd. Selon les premiers devis, la remise en état se chiffre à plus de 1.067.000 francs !

Un élan de solidarité se met en place, permettant de faire face à cette exceptionnelle situation de crise. Malgré les difficultés d’approvisionnement, le syndicat des boulangers  décide de ne pas augmenter le prix du pain.

Durant cette période, le Maire E. LAMOUREUX, s’appuie sur les associations levalloisiennes, les militaires, les commerçants et les généreux donateurs qu’il remercie  officiellement lors d’un Conseil municipal. Par ailleurs, le Maire fait voter une délibération ayant pour objet de « gratifier le personnel communal pour son activité de jour comme de nuit pendant les inondations ».

Une souscription est lancée en faveur de la ville. Elle recueille de la part de particuliers et d’entreprises levalloisiennes la somme de 74 200 francs.

Enfin, au mois de novembre, le Conseil municipal adopte un plan d’urgence, établi sur le retour d’expérience, pour pallier les conséquences d’une nouvelle crue. Ce qui, hélas, ne manquera pas d’arriver à nouveau dès janvier 1924, avec un niveau d’eau à 7,30 mètres, puis en janvier 1955, en janvier 1959… et encore bien d’autres.

Les grandes crues parisiennes ont surtout lieu à cette période. Elles sont souvent dues à une pluviométrie importante, le débordement de plusieurs cours d’eau (l’Yonne, le Loing…), l’état de saturation des sols, la présence de neige et de gel.