Comment laver son linge sale autrement « qu’en famille » ?

Parmi les tâches ménagères incontournables, il y en a certaines qui ont beaucoup évolué. Si aujourd’hui « faire tourner une machine » parait une évidence pour prendre soin de son linge, cela n’a pas toujours été le cas. Il n’y a pas si longtemps, la façon la plus simple de s’occuper du linge sale était le lavage à la main, dans un cour d’eau ou au bord d’une mare.  Muni d’un morceau de savon, une brosse, un battoir en bois et un bac en bois ouvert sur l’arrière pour s’y mettre à genoux avec beaucoup d’huile de coude, et vous étiez paré pour un bon lavage à l’eau froide ! Il y a deux siècles à Levallois, les femmes procédaient certainement ainsi, sur les bords de la Seine. Mais les rives étaient boueuses, encombrées de détritus, et le niveau de l’eau variable. À l’occasion « du mois du blanc », revenons sur l’évolution de cette tache !

Les bateaux-lavoirs

Il est rapidement évident que l’établissement des lavoirs est plus efficace s’ils ne sont plus sur les berges, mais sur des bateaux flottants, à quelque distance des bords, là où l’eau est plus claire. On construit donc des sortes de pontons, baptisés « bateaux-lavoirs », qui ont l’avantage de suivre le niveau des eaux.

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Ces nouveaux genres de bateaux sont exploités par les premiers blanchisseurs. Se rendant compte que les postes de lavage ne sont pas exploités à plein temps par leurs employées, ils les louent à des ménagères qui font elles-mêmes leur lessive. Le procédé tient bon, puisque dans l’annuaire de Levallois de 1904, il est fait mention d’un bateau, quai Michelet dans la rubrique « lavoirs ».

À la fin du 18ème siècles, les blanchisseurs font venir l’eau jusqu’à eux, par des pompes, des puits et des forages pour pouvoir faire chauffer l’eau et laver le linge de façon plus efficace. Pour chauffer l’eau, on utilise des « fagots d’épines », constitués de coupes de haies, d’ajoncs, de genêts, de mûriers… Avec le développement du chemin de fer, on commence à utiliser le charbon.

Toute cette blanchisserie artisanale se fait de façon anarchique, et provoque accidents et nuisances. C’est pourquoi, en 1805, le ministre de l’industrie charge Cadet de Vaux (inspecteur de la salubrité) de rédiger une « instruction populaire pour le blanchiment à la vapeur », destinée à la fois au traitement des matières brutes, et au lavage des linges sales.

Vive l’eau chaude et son commerce !

Les blanchisseurs élargissent leur activité au début du 19ème siècle. Les logements ne bénéficient que très rarement de l’eau courante, et les résidents des maisons individuelles ou des appartements se ravitaillent aux fontaines publiques. Les habitants peuvent aussi, grâce à des porteurs, se faire livrer de l’eau chaude achetée aux blanchisseurs.

Les blanchisseurs deviennent donc aussi marchands d’eau chaude, et l’un d’eux, astucieux, achète des baignoires et des pommes de douches, et devient également « maitre de bains-douches ».

Repoussés par les grands travaux d’HAUSSMANN, de nombreux blanchisseurs et teinturiers venant de Paris arrivent vers la banlieue Ouest, dans les années 1860. Attirés par les prix attractifs des terrains du village de Levallois, il y arrivent en nombre.

Les lavoirs et blanchisseries s’installent à Levallois

En 1865, il y aurait eu 27 blanchisseurs et teinturiers au village de Levallois. Quelques années plus tard, en 1882, un certain Monsieur SEMICHON établit un lavoir public au 57 rue des arts (rue Marius AUFAN), Le « lavoir de la fontaine ». Sa façade est un bel exemple d’ornementation exubérante, avec beaucoup d’allure et de charme.

Du même propriétaire, on trouve un autre lavoir, le « lavoir de la source » au 94 rue des frères HERBERT ( rue Édouard VAILLANT). Monsieur SEMICHON apprécie les formules qui évoquent une eau limpide et pure. Ce « lavoir de la source » est mentionné dans l’annuaire de 1904, c’est un des 11 lavoirs existant alors à Levallois. Il est doté d’un équipement haut de gamme pour l’époque :  » Il comprend six essoreuses, quatre barboteuses en bois, cinq chambres chaudes fixes, soixante séchoirs à air libre, une machine à sécher et repasser le linge, trois machines pour les faux-cols et manchettes, et un monte-charge actionné à la vapeur ».

En 1904, on trouvait des lavoirs dans les rues : d’Alsace, Victor HUGO, Jean JAURES, Marius AUFAN, MARJOLIN, Président WILSON, TREBOIS, place Jean ZAY, quai PASQUA.

Outre les lavoirs, il existe au début du 20ème siècle de nombreuses blanchisseries, 10 sont répertoriées en 1904. À ces blanchisseries, nous pouvons ajouter les « blanchisseuses de fin ». C’est une activité en pleine expansion, 10 ans plus tard, on trouve 36 blanchisseries ! Dont la blanchisserie du Cygne, rue du Président WILSON.

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Quand la poste joue au ping-pong

Si les texto et les mails sont devenus des moyens quotidiens et rapides de communication, pour certains d’entre nous, le courrier traditionnel, postal, reste une valeur sûre, surtout lors d’occasions particulières ou exceptionnelles.

Prendre le temps de choisir une jolie carte, ou un beau papier, d’y coucher notre texte, puis de le glisser dans une enveloppe, et enfin d’y coller un timbre, de collection ou pas. Réjouissons-nous ! Plus besoin de mettre un petit coup de langue au dos qui y laisse un gout amère. Ensuite, commence la quête de la boite aux lettres. Après avoir promené notre courrier au fond de notre sac ou de notre poche quelques jours,  nous nous rendons au lieu le plus sur : le bureau de poste !

A l’occasion de la nouvelle année, certains d’entre nous allons nous y rendre. Je vous propose un petit bond dans le temps pour découvrir l’histoire de notre bureau de poste principal.

Origines de notre service postal français

Si la poste est issue des relais de poste créés par Louis XI en 1477 pour le transport des messages royaux, elle prend forme avec la naissance des offices de messagers royaux, créés en 1576. Ils sont autorisés à transporter le courrier des particuliers, et font une concurrence directe aux messagers de l’université. A la fin du XVI ème siècle, on assiste à l’apparition des premiers bureaux de poste, et sans doute des premiers distributeurs.

C’est du début du XVIIe siècle que date l’origine de l’administration des postes en France, avec la création de la « poste aux lettres », dirigée par le surintendant général des postes. À l’époque, le port était payé par le destinataire.

En 1879, deux administrations fusionnent : celle des postes et celle du télégraphe pour former l’administration des postes et télégraphes (P&T). Dix ans plus tard, le téléphone rejoint cette administration (PTT). C’est une administration d’État, relevant du ministère des PTT. Cette institution fonctionne alors  avec des fonctionnaires de l’État, des véhicules et des bâtiments du parc immobilier du domaine de l’État. Elle est transformée au fur et à mesure de différentes réformes de l’État.

Les bâtiments qui abritent l’administration de la poste, appartiennent normalement à l’état. Notre Hôtel des postes fait donc partie des bizarreries que l’on croise parfois, car en effet, il n’a pas toujours appartenu à l’état.

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Postes et télégraphes rue Gravel

Succédant à un premier bureau de poste situé 72 rue Gravel (aujourd’hui rue Aristide-Briand), l’actuel Hôtel des Postes de la rue du Président-Wilson (alors rue de Courcelles) est construit entre 1910 et 1911.

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Rue Gravel et la poste

Histoire mouvementé de notre Hôtel des postes

La commune de Levallois achète dès 1884 un terrain de 649m2, occupé par la caserne des sapeurs-pompiers et une partie de l’ancienne mairie. Malgré de nombreux contretemps, en particulier les dramatiques inondations de 1910, et les grèves survenues la même année, l’Hôtel de postes est inauguré en grandes pompes le 23 juillet 1911 par le Maire de la commune Edmond Lamoureux, qui exerce lui-même la profession d’architecte. (Ses réalisations feront l’objet d’un article que vous découvrirez prochainement). Située face à l’Hôtel des postes, la nouvelle caserne des pompiers est inaugurée le même jour.

Je vous rappelle que la poste dépend du ministère du commerce, de l’industrie, et des postes et télégraphes, et à ce titre, c’est l’état qui finance et est propriétaire de ces bâtiments… Et pourtant, l’Hôtel des postes est réalisé par l’architecte municipal Charles Henry ! Cela peut paraitre surprenant que ce soit l’architecte municipal qui se charge de cette réalisation, mais plus surprenant encore, c’est la Ville qui en assure le financement et les travaux ! Dès le projet de cette construction, il est prévu que la Ville loue ce bâtiment à l’administration des postes. Le premier bail est signé pour 29 ans, 11 mois et 15 jours. Ce bail sera renouvelé régulièrement jusqu’en 1970, date à laquelle la direction des services postaux de la région parisienne signifie à la Ville son souhait de se porter acquéreur de l’immeuble. Par la délibération n° 448 du 23 novembre 1971, la Ville le cède à l’État (Ministère des Postes et télécommunications).

L’histoire ne s’arrête pas là, car Le 3 novembre 2004,  une déclaration d’intention d’aliéner est déposée sur cet immeuble. Par conséquent, le Conseil municipal opte (dans le cadre du Plan Local d’Urbanisme) pour qu’un emplacement soit réservé pour ses services administratifs dans cet immeuble, sis 68 rue Président Wilson, à proximité de l’Hôtel de ville. Le 30 décembre 2004, le maire prend une décision municipale en vue de son acquisition.

Néanmoins, une seule partie de cet immeuble est à céder, afin d’y conserver les locaux à usage d’activité de bureau de poste situés en rez-de-chaussée et sous-sol. En conséquence, le Conseil municipal vote une délibération en vue de l’acquisition de lots de volumes restants

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L’architecture de l’édifice se caractérise par l’emploi de pierres de taille pour le gros œuvre. Sa toiture, en ardoise et en zinc, est formée de longs pans brisés avec pignon couvert et une croupe polygonale. Son originalité réside dans les lucarnes, bandeaux et corniches, ainsi qu’une majestueuse marquise qui protège l’entrée.

Le saviez-vous ?

  • le premier timbre-poste français est émis en 1849, il est à l’effigie de Cérès, déesse des moissons. Cinq ans plus tard, pour inciter les français à utiliser ce timbre, il est créé une prime à l’affranchissement (réduction sur le prix du port) à condition que la lettre soit affranchie par l’expéditeur.
  • 1960, l’oiseau postal devient le logotype de La Poste.
  • Changement de couleurs ! en 1962 les boîtes aux lettres postales passent du bleu au jaune.monogramPTT_1900_logo
  • Oui ! Oui ! il s’agit bien du monogramme de la poste en 1900
  • 1911 : première expérience du transport de courrier par avion. Henri Péquet, aviateur français, franchit le Gange sur une distance de 10 km avec 15 kg de courrier
  • 1918 : création des chèques postaux.
  • En décembre 1962, le « Secrétariat du Père Noël » ouvre pour la première fois avec la complicité des postiers et la participation active de Françoise Dolto, sœur du ministre des PTT Jacques Marette