La marque aux chevrons a 100 ans !

Au moment où le tombeau de Toutankhamon était mis au jour, Buster Keaton réalisait ses premiers films, et A. Citroën installait une usine à Levallois.

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André Citroën, est un ingénieur polytechnicien, pionnier de l’industrie automobile. Né le 5 février 1878 à Paris, il est un découvreur de talents et un organisateur de génie.

L’histoire d’une épopée

Lors d’une visite à sa famille en Pologne, il visite une petite firme mécanique, et y découvre un procédé d’engrenages aux dents taillées en V. Il rachète la licence du procédé de fabrication.

En 1901, avec deux associés, il fonde la société « Citroën, Hinstin et Cie » qui est une entreprise de fabrication d’engrenages, en particulier ceux à chevrons en V. Cette société est rapidement rebaptisée « Société anonyme des engrenages Citroën ». Ce sont les empreintes de ces chevrons qui deviennent l’emblème de cette nouvelle marque, et le logo des futures automobiles qu’il produira.

André est mobilisé en août 1914 au 2ème régiment d’artillerie de Grenoble. Il a l’occasion de constater le manque d’ artillerie et de munitions face à l’artillerie allemande. En janvier 1915, il propose au général Louis Baquet, directeur de l’artillerie du Ministère de la Guerre, qui manque cruellement de munitions, d’appliquer le fordisme (nouvelle fenêtre)  dans une usine construite en 3 mois. Il fait ériger sur les 15 hectares de terrains vagues et de jardins potagers du quai de Javel (alors située sur l’actuel emplacement du parc André Citroën, dans le 15ème arrondissement de Paris), une immense usine ultramoderne et produit 23 millions d’obus à raison de 10 000 par jour, à des cadences inédites pour l’époque. Le rythme imposé par ses usines est fatigant et de ce fait, André Citroën a pu parfois y être considéré comme un despote. Néanmoins, il est pourtant l’un des premiers industriels soucieux du bien-être de ses ouvriers et évite d’imposer des tâches répétitives.

L’entreprise de munitions d’André Citroën est très vite réputée et devient un modèle d’organisation, d’efficacité et de responsabilité sociale.

À la sortie de la guerre, en 1919, il transforme son usine d’obus pour la reconvertir dans la production de véhicules à moteurs. Il absorbe le constructeur automobile Mors, dont il est le directeur général administrateur depuis 1906 et il crée sa propre marque d’automobiles.

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Citroën Type A

Il industrialise le premier modèle de la marque : la Citroën Type A. Ce modèle est la première automobile européenne construite en série. Le premier client en prend possession le 4 juin 1919. Cette année-là, des usines, sortent quotidiennement 30 voitures, pour un total de 2 810 véhicules et dix mille de plus l’année suivante.

Devant le succès rapide de sa nouvelle marque aux chevrons, André Citroën est à la recherche d’un site pour développer sa société du quai de Javel (actuel quai A. Citroën). Adolphe Clément-Bayard, industriel levalloisien, lui aussi producteur d’obus pendant la guerre, se propose de lui louer ses usines du quai Michelet (actuellement quai C. Pasqua) à Levallois, et devient actionnaire de la société Citroën.

Dans un premier temps, A. Citroën y fabrique sa célèbre Torpédo 5 CV Trèfle, et les autochenilles des grandes croisières.

Au décès de Clément-Bayard, A. Citroën rachète l’ensemble des bâtiments levalloisiens (1929).

André Citroën, un génie de la publicité

La marque acquit une forte image grâce à la publicité. André Citroën est l’un des premiers dirigeants d’entreprise à comprendre et à attacher beaucoup d’importance à la communication.

Le début de l’histoire de la marque est marqué par les grandes expéditions organisées par A. Citroën à travers le Sahara (la traversée du Sahara en 1922), l’Afrique (la Croisière noire (nouvelle fenêtre) en 1924-1925) et l’Asie (la Croisière jaune (nouvelle fenêtre) en 1932-1933). Ces expéditions, dirigées par Georges-Marie Haardt (nouvelle fenêtre)  et Louis Audouin-Dubreuil (nouvelle fenêtre) , utilisaient des autochenilles Citroën-Kégresse (nouvelle fenêtre)  et devaient prouver la robustesse des voitures de la marque.

Afin « d’avoir toujours un coup d’avance », en 1921, A. Citroën pour rénover la signalisation routière, dote la France d’un grand réseau de plaques émaillées indicatrices, portant son nom. Au total, c’est 150 000 panneaux qui sont installés.

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A l’occasion de l’ouverture du 7ème salon de l’auto en 1922, faisant preuve de créativité,  A. Citroën fait écrire son nom par un avion en lettres de fumée, s’étirant sur 5 km.

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En 1923, le génie du marketing lance la fabrication de jouets automobiles, véritables copies conformes de « l’auto de papa », car selon lui, la marque devait être connue de tous, dès le plus jeune âge. Plus de 30 000 véhicules, reproductions fidèles des différents modèles de la marque, seront vendus les dix premières années.

De 1925 à 1934, Citroën s’offre une publicité grandiose en écrivant son nom sur la tour Eiffel en lettres lumineuses de 30 m de haut. C’est cet éclairage qui guide Charles Lindbergh durant les derniers instants de sa traversée de l’Atlantique.

Des productions levalloisiennes

Des usines de Levallois sortent la torpédo 5 CV Trèfle, des autochenilles, mais aussi en 1931 le premier autobus de la marque Citroën.

Sont usinés aussi à Levallois, des roulements à billes, des pièces détachées et des accessoires de carrosserie.

S’il est difficile de ne pas parler d’une des plus prestigieuses automobiles de son époque, carrossée par un artisan hors pair, Henri Chapron, la fameuse DS, il est impossible de ne pas parler d’une des voitures les plus populaires, connue internationalement, qui sera produite à Levallois jusqu’en 1988 : La deux pattes, deudeuche… La 2 Cv ( lire à ce sujet notre article La 2CV, une très petite devenue grande) ! Trois millions d’exemplaires sont sorties de cette usine.

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L’usine de Levallois