Une gourmandise pour Valentin

 Le 14 février est une date symbolique pour certains d’entre nous… Pourquoi ?Traditionnellement, à la Saint valentin, on  offre des fleurs ou des chocolats à l’être aimé. Nous nous saisissons de cette occasion pour revenir sur une marque emblématique du savoir-faire français le « Chocolat Louit Frères  et Compagnie »

Des origines incertaines

La majorité des historiens s’accorde à penser que cette fête de la Saint Valentin trouve son origine dans la Rome antique, à l’époque de l’empire romain. En effet, pour certains, on doit la fête des amoureux à Claude II, empereur romain qui fait annuler toutes les fiançailles de l’empire pour éviter que ses soldats soient tentés de rester avec leur fiancée, plutôt que de partir à la guerre.

Furibond, Valentin, un prêtre catholique, décide de marier en secret les amoureux (la légende dit que les mariages ont eu lieu un 14 février). Découvert, il est envoyé en prison jusqu’à sa mort.

Pour d’autres historiens, la Saint Valentin trouve son origine au XIVe siècle en Angleterre, où l’on a prit l’habitude de former un couple au hasard. Cette coutume du « Valentinage » est née dans l’aristocratie. Une jeune fille était associée à un jeune homme et durant la journée, ils avaient des obligations l’un envers l’autre. Le Valentin et sa Valentine devaient s’offrir en secret des petits cadeaux et se faire des galanteries. Peu à peu, le « Valentinage » s’est enrichi de l’envoi de poèmes ou de billets.

Pendant la seconde moitié du XVe siècle, cette coutume se répend dans le monde latin, et c’est Charles d’Orléans qui l’introduit à la cour de France à travers l’œuvre d’ Othon de Grandson.

Cette tradition devient une fête commerciale aux États-Unis au milieu du XIXe siècle. Des fleurs, du chocolat et des petits présents s’échangent.

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Du chocolat, mais pas que, à Levallois

L’histoire de la marque « chocolat Louit Frères et compagnie » commence dans le Sud-Ouest de la France. Paul Louit, ancien officier de l’Armée impériale retiré à Bordeaux, crée en 1825 la société « Chocolat Louit Frères et Compagnie ».

D’abord consacrée essentiellement au chocolat, l’entreprise s’ouvre à d’autres produits dès 1857, quand les fils de Paul reprennent la société. Plusieurs succursales ouvrent en France, donnant accès au marché national.

C’est à ce moment que la célèbre moutarde Louit est née. « Chocolat Louit Frères et Compagnie » devient la plus grosse entreprise du Sud-Ouest dans les années 1870. L’entreprise fabrique près de 2000 tonnes de chocolat par an à la fin du 19ème siècle. Une partie de sa production est exportée ce qui lui assure une renommée et une réputation internationale. En 1925, elle prend son nom définitif « Société Anonyme des produits alimentaires Louit Frères et Cie » et commercialise de nombreux produits de consommation comme le thé, la vanille, les pâtes, le tapioca, les fruits au vinaigre, les potages, les conserves de légumes et de poisson, et bien entendu la moutarde et le chocolat.

Pour faire face aux commandes de plus en plus importantes en région parisienne, un entrepôt-vente est installé en 1895 à Levallois, à l’angle des rues Gide (Paul-Vaillant-Couturier) et Victor-Hugo. Cette implantation levalloisienne est stratégique pour la marque. En effet, Levallois dispose d’un bon réseau de communication par voie ferrée et fluviale ce qui facilite  le transport des marchandises. De plus, la proximité des grands boulevards avec les grands magasins et les débuts de la société de consommation complètent l’intérêt de cette implantation.

Selon l’état des communes de 1903, la marque commercialise alors plus de cinq tonnes de chocolat et dix mille flacons de moutarde sous la marque Diaphane, de la crème de riz et des pâtes à potages dont le fameux « tapioca ». Avant la Première Guerre mondiale, la société remporte plus d’une soixantaine de récompenses, médailles et diplômes d’honneur pour l’ensemble de ses produits lors de concours ou d’expositions. La renommée de la marque est telle que la moutarde Diaphane trouve sa place sur les tables des premières classes sur le paquebot « Titanic ».

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Les entrepôts levalloisiens sont transformés en usine vers 1903 comme l’attestent les papiers à en-tête conservés au sein des Archives municipales. Le bâtiment est l’œuvre de l’architecte Léon Ordouille. Il est à noter que cet immeuble est transformé ac92044_1fi1451intelligemment aux débuts des années 2000 par une surélévation de deux niveaux en conservant les matériaux d’origine, ce qui assure une harmonie d’ensemble. Actuellement, la société EPSON France occupe l’immeuble.

 Des publicités pour les collectionneurs.

L’entreprise Louit est aussi connue pour les stratégies qu’elle a utilisés pour promouvoir ses produits. En effet, la marque a beaucoup utilisé les cartes postales et les petits cartons publicitaires dits « chromos ».

Ces cartes publicitaires ont été baptisées ainsi du fait de leur technique de fabrication, la chromolithographie. Ces images cartonnées produites par millions étaient remises aux clients mais surtout destinés aux enfants. L’intérêt était d’en faire collection et ainsi de fidéliser l’acheteur.

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Ces cartes postales témoignent des modes et des courants de pensée d’alors, utilisant tantôt l’humour, tantôt l’attendrissement pour attirer le regard. Leur verso fait la promotion directe des produits.

Durant la Seconde Guerre mondiale, en raison des difficultés d’approvisionnement des matières premières, l’entreprise Louit Frères abandonne la production de chocolat. La production des moutardes sous licence est confiée à la société italienne « Aromateria Italiana Radaelli » de Santa Margherita Ligure (près de Gênes) qui importe de France les matières premières. En 1957, les difficultés financières obligent les héritiers à dissoudre l’entreprise familiale.

Seul subsiste encore aujourd’hui sous cette marque, la gamme de moutarde ayant comme slogan « la tradition de la qualité ».

 

Article co-écrit avec Xavier T.

« Inconnu à cette adresse ! »

Vous imaginez-vous écrire à un correspondant aux adresses suivantes : 5 chemin des cailloux, 12 rue des champs, 8 rue des frères HEBERT, 24 rue Eugénie, ou encore 28 rue du bois, à Levallois ? Et pourtant ! Ce sont des rues que vous connaissez, peut-être même y demeurez-vous, ou y connaissez-vous quelqu’un. Il s’agit de rues qui ont changé de nom au cours de l’histoire de notre ville.

La rue du Bois

La rue du Bois est l’une des voies les plus anciennes de Levallois, et elle traverse tout le territoire de la commune. Elle est déjà visible sur la carte des Chasses de 1764 (un siècle avant la création de Levallois). Entre 1848 et 1854 des travaux permettent à la rue du Bois de se doter d’un pavage, de caniveaux et de trottoirs. C’est le long de cette voie que Nicolas LEVALLOIS effectue ses premières ventes de terrains. Il y a installé son bureau à l’angle de cette rue et du chemin de Courcelles (actuelle rue du Président Wilson).

Au numéro 102 se trouvait la « Congrégation des Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul ». C’était un établissement qui avait la garde des enfants des ouvrières de la parfumerie Gellé Frères, elle aussi installée rue du Bois. Quelques numéros plus loin, au numéro 163 se trouvait l’œuvre de bienfaisance « Les petites Sœurs des Pauvres de l’Assomption » depuis 1875.

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La rue du Bois change de nom en août 1914, au décès de Jean-JAURES. Député et fondateur du parti socialiste français, il est assassiné le 31 juillet 1914 dans un café à Paris. La rue du Bois devient ainsi la rue Jean JAURES.

La rue des Champs

Antonin RAYNAUD (industriel et maire de Levallois de 1888 à 1890), propriétaire de la parfumerie ORIZA-LEGRAND,  installe son usine dans l’ancienne ferme de Courcelles. Cette rue porte le nom de « rue des champs ». Elle est percée dans le prolongement de la rue Poccard (actuellement Gabriel-Péri) au delà de la Planchette.

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Par une délibération du 23 novembre 1945, le Conseil municipal la rebaptise rue Marie-Jeanne BASSOT. Ceci en hommage à la fondatrice de la Résidence sociale de Levallois  décédée en 1935.

La rue des Champs devenue rue Marie-Jeanne Bassot change à nouveau de nom suite à une délibération du 11 décembre 1989, et devient avenue de l’Europe, coupée par une place qui a conservé le nom de M.J.BASSOT.

La rue Eugénie

Coïncidence ou force du destin, Jean-Jacques PERRET achète des terrains au hameau de Champerret (ou champ pierreux, qui constitue une partie du futur village Levallois). Il divise  ses terrains en deux pour se construire sur la partie Nord une grande villa et conserve les terrains de la partie Sud. En 1822, il y tente une opération de lotissement de soixante terrains sur vingt hectares. Son objectif est de vendre de grandes parcelles pour l’édification de résidence de luxe.

Le nom « Eugénie » donné à cette voie aurait un double sens : les promoteurs du village Levallois sont pour la plupart des bonapartistes. L’épouse de Louis-Napoléon BONAPARTE se prénomme Eugénie (Eugénie DE MONTIJO, Comtesse de Teba). D’autre part, la fille de Jean-Jacques PERRET s’appelle elle aussi Eugénie.

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Cette rue est macadamisée vers 1860. Du fait de son entretien trop onéreux, en 1895 elle est repavée avec les pavés d’autres rues refaites à neuf. Elle devient rue DANTON en 1883.

Le chemin des Cailloux

Le chemin des Cailloux venait du Guichet (une grande propriété de Clichy) et descendait jusqu’aux Gallipeaux (une remise à gibier). En 1837 la ligne de chemin de fer de Paris-Saint-Germain En Laye avait coupé ce chemin. Cinq années plus tard, soutenus par le Conseil municipal de Clichy, les habitants demandèrent sa réouverture auprès de la Compagnie.

La partie qui dépend aujourd’hui de Levallois, devient la rue de Metz en 1884. Au-delà de la route d’Argenteuil (actuelle rue Victor-Hugo), ce chemin se rétrécit en direction du hameau « les Gallipeaux ».

Le chemin des Cailloux est la future rue d’Alsace, percée dans les années 1870 pour desservir différents terrains. L’histoire quotidienne de ces rues nous échappe. Toujours est-il, qu’il a fallu une pétition des habitants de ce quartier en mai 1884 afin qu’il obtienne une borne-fontaine.  Au 39 de la rue d’Alsace vers 1886 le bal Chavannis bat son plein.

Au début des années 1970, dans le cadre de la rénovation urbaine du secteur IX, la rue d’Alsace devient une grande avenue, allant de la rue du Président WILSON à la rue Victor HUGO. Auparavant, celle-ci commençait à la rue Jules GUESDE et était bordée d’immeubles insalubres.

La rue des frères HEBERT

Les deux frères HEBERT (Julien et Prosper, respectivement menuisier et marchand de vin) sont des amis de Nicolas LEVALLOIS. Dès 1845, comme leur ami , et sans doute par son entremise, ils font partie des premiers acheteurs de parcelles dans le lotissement de la vigne aux Prêtres qui, l’année suivante reçoit le nom de village de Levallois.

Pour leur montrer sa considération, comme à son habitude, Nicolas LEVALLOIS donne leur nom de leur vivant à l’une des premières rues du village. Comme le veulent les us et coutumes de l’époque, (les rues portaient souvent le nom de propriétaires importants) plusieurs de ses amis ont également leur rue: FAZILLAU, GRAVEL, MARTINVAL, JABLOT, TREZEL, BELLANGER, POCCARD, VALENTIN… l’église Saint-Justin vient du prénom de son épouse qui est masculinisé pour l’occasion. Ce n’est pas si étonnant, car n’a t-on pas donné son nom au village !

La rue des frères HEBERT part du chemin du Bois et s’arrête au chemin de Villiers. En 1864, elle est prolongée jusqu’à la rue Saint-Eloi (actuelle rue COLLANGE). Cela ne vous aide pas à deviner son nom actuel ? Je vous donne donc des indices : coté Sud, on trouve les murs des ateliers Eiffel, cette rue comporte à cette époque 137 numéros impairs, 102 numéros pairs, finissant coté Seine. Cette rue est mêlée à la religion, mais aussi à l’éducation. En effet, , la première école de Levallois est aménagée en 1861 entre la rue JABLOT (rue RIVAY) et la rue des frères HEBERT (non, je ne vous le dis pas encore).

Dans cette rue, nous avons pu y trouver : un commissariat de police, le trésor public, deux écoles de danse, une école, un collège, différents commerces et artisans…

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Elle  change de nom en 1927, sous l’impulsion du maire Louis-ROUQUIER. Elle est rebaptisée rue Édouard-Vaillant (socialiste français né à Vierzon en 1840, et décédé en 1915).

À suivre…