En 1914, Levallois compte plus d’une dizaine de brûleries et marchands de café, et l’usine Carvalho et Cie est la plus importante. Les ateliers de torréfaction sont créés en 1897. Cet établissement, très moderne, est situé à l’angle des rues Gide (Paul-Vaillant-Couturier) et Victor Hugo.
Il traite d’énormes quantités de café vert provenant de ses plantations brésiliennes. Le bâtiment toujours existant abrite aujourd’hui le centre culturel l’Escale.
L’église Saint Justin
Non ce n’est pas le jeu des « 7 erreurs », le clocher de l’église a bien été déplacé lors des dernières grosses restaurations !
Le 9 août 1852 à la Saint Justin, Nicolas Levallois pose la première pierre de l’église consacrée sous ce vocable. Le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte prend le pouvoir. Le jeune village bonapartiste d’à peine sept années affirme son autonomie par rapport à la commune de Clichy.
Les travaux durent trois ans. Monseigneur Sibour, archevêque de Paris, vient la bénir (il sera assassiné 5 ans plus tard par un prêtre réfractaire). Un décret impérial du 25 avril 1857 crée la paroisse de Levallois. Une étape est franchie vers l’émancipation du village.
Agrandie en 1873, l’église est reconstruite en 1882. Elle est de nouveau agrandie en 1897, et restaurée en 1912.
Dans une délibération du 23 novembre 1945, le conseil municipal rebaptise la « place de l’église » : « Place Estienne d’Orves « . Officier de marine né à Verrières-le-Buisson le 5 juin 1901, il est un héros de la Seconde Guerre mondiale, martyr de la résistance. Trahi par un de ses agents, il est condamné à mort par un tribunal militaire allemand. Il est fusillé au Mont Valérien le 29 août 1941.
A l’occasion de la 5eme édition de la manifestation « le printemps de la sculpture », qui se tiendra du 24 au 26 mars, je tenais à vous retracer l’histoire d’une sélection de sculptures qui trônent à Levallois.
La Ville conserve sur son territoire de nombreuses sculptures de style et d’époque variés. Certaines sont liées à l’histoire de notre ville.
Une aile pour Maryse
Au cœur du parc de la Planchette, les visiteurs peuvent admirer un monument évoquant une aile d’oiseau, pointée vers le ciel. Ce monument repose sur un socle qui contient un médaillon sur lequel est tracé le profil de Maryse Hilsz avec l’inscription « Maryse Hilsz. 1901-1946, aviatrice. Messagère dans le monde de la gloire des ailes françaises ».
Cette œuvre du sculpteur Henri Lagriffoul, Premier grand prix de Rome en 1932, est inaugurée le dimanche 1er mars 1959 par le Maire Charles Deutschmann, en présence de personnalités comme le président de L’aéro-club de France. Dès l’origine, il est prévu de placer ce monument au centre du parc de la planchette. Cette sculpture est destinée à perpétrer le souvenir de Maryse Hilsz née et inhumée à Levallois.
« A la bonne Louise » pour « une indomptable »
La statue située à gauche de l’entrée du club de la Planchette est un petit groupe sculpté, grandeur nature, en bronze peint.
Elle représente Louise Michel, accompagnée d’une fillette et d’un chat. Son auteur, le sculpteur Emile Derré, artiste et militant anarchiste a nommé cette œuvre « A la bonne Louise ».
Cette œuvre est présentée au public lors du Salon de 1906 à Paris.
Grâce à une souscription publique, le comité du monument de Louise Michel en achète un exemplaire en 1911, et décide de l’offrir à la ville de Levallois afin de perpétrer la mémoire de cette personnalité dans la commune où elle est inhumée.
A plusieurs reprises, le choix de l’emplacement est modifié. La Première Guerre mondiale laisse l’affaire en suspens. Le 27 janvier 1920, le Conseil municipal de Levallois décide que la statue sera édifiée dans le square de l’Hôtel de Ville. Ce choix, ainsi que sa date d’inauguration, sera confirmé par une nouvelle décision du Conseil municipal le 09 avril 1920. L’inauguration de la statue a lieu le 27 juin 1920.
En 1985, la statue de Louise Michel est déplacée pour prendre place au sein du parc de la Planchette, face à la sculpture d’Alfred Boucher, intitulée « la tendresse », réalisée en 1899.
Avant de vous parler des prochaines œuvres, je voulais vous faire part d’une question que je me suis posée au fil de l’écriture de cet article…
Quelle est la différence entre une statue et une sculpture ?
En général, une statue est une représentation sculptée, en trois dimensions, d’un être humain, ou d’un animal. C’est un ouvrage sculpté dans un matériau durable comme le bois, la pierre… ou coulé dans une substance solide (comme le bronze ou la résine)
Une statue est fréquemment représentée grandeur nature, voire beaucoup plus grande. Mais il n’est pas rare dans le langage commun de pouvoir les appeler sculptures. Nommer des œuvres de petite taille « statue » n’est pas une faute grave. Pour être plus précis il faudrait nommer les statues de petite taille « statuettes ».
Une sculpture est un objet créatif en trois dimensions. Elle ne doit pas obligatoirement représenter un être vivant, elle peut être complètement organique et abstraite, prendre presque toutes les formes. Différents matériaux (résine, bois, bronze, pierre) peuvent être utilisés en sculpture, mais comme elle ne possède pas de limite concernant les matériaux utilisés pour la réaliser, elles peuvent être créées avec des bouteilles en plastique vides, les vêtements que vous portez ou même des serviettes en papier. Les sculptures sont fabriquées de façon artisanale.
Il n’y a aucune limite de taille en règle générale pour une sculpture. Elles peuvent être géantes ou minuscules.
Statues ou sculptures, quelles différences finalement ?
Pour conclure, une Statue sera toujours une sculpture. C’est le fait qu’elle représente une figure humaine ou animale qui fait d’elle ou non une statue.
Cette précision étant faite, retournons à nos œuvres !
La République, et la « dame de fer »
Les sculptures ne sont pas uniquement exposées en extérieur. En effet, l’Hôtel de Ville dispose dans ses murs de plusieurs représentations du symbole de la République française : Marianne, dont celle placée au centre de l’escalier d’honneur.
Ce buste de Marianne est l’œuvre d’Auguste Maillard et est réalisé en 1905, en marbre blanc. Les dimensions de cette sculpture sont impressionnantes, car il ne s’agit que d’un buste, mais qui mesure 1,45 m de haut (sans compter le socle !).
Marianne a 9 petites sœurs au sein de la Mairie de Levallois, dont une qui a eu pour modèle une personnalité du cinéma français : Brigitte Bardot. Elle préside les heureux évènements, puisqu’ elle trône dans la salle des mariages.
Mais il existe, entre les murs de l’Hôtel de Ville, une sculpture qui en cette année 2023, centenaire de la mort de Gustave Eiffel, a une connotation particulière. Il s’agit de la maquette de la Tour Eiffel, en marbre blanc veiné, décorée d’émaux sur plaques de cuivre au premier et deuxième étage. Elle est à l’échelle 1/200e, et est réalisée par le sculpteur Ferdinand Barbedienne.
Cette sculpture est offerte à Gustave Eiffel par un groupe d’amis lors de l’exposition de 1889. Comme un clin d’œil à son constructeur, au sommet de la tour sont sculptées les initiales G E pour Gustave Eiffel. Ancien levalloisien et conseiller municipal, Gustave Eiffel décide de faire don de cette œuvre en 1913 à la Ville de Levallois.
Cette œuvre est inscrite, en 2006, sur l’inventaire supplémentaire à la liste des objets mobiliers inscrits Monuments Historiques.
Une bien jolie danseuse
Après l’acquisition des terrains du domaine de la Planchette et le souhait de le transformer en jardin public, la question de sa décoration s’est posée. La Ville de Levallois dispose en prêt d’une œuvre du sculpteur Amélie Colombier nommée « Bacchante ». Cette statue en marbre blanc représente une figure féminine drapée en pied dansant avec une guirlande et piétinant une tête de lion. Dans la mythologie, les bacchantes sont les prêtresses ou femmes qui célébraient les mystères de Dionysos, dieu de la vigne, du vin et de ses excès.
La sculpture en plâtre est exposée au salon de 1905. Une version en marbre est à nouveau exposée en 1914. Elle est inaugurée dans le parc le 14 novembre 1926.
Peu avant la guerre de 1870, Ernest Cognacq crée un nouveau magasin à Paris qu’il appelle La Samaritaine.
En 1916, Ernest Cognac et son épouse Marie-Louise Jay créent la Fondation Cognac-Jay. Cette institution – toujours en activité – gérait alors une pouponnière, une maison de convalescence et une maison de retraite situées à Rueil-Malmaison, un centre d’apprentissage à Argenteuil, une maternité à Paris, un orphelinat, une maison de repos en Haute-Savoie, et un ensemble de logements à loyers modérés à Levallois, notamment destinés à leurs employés.
Cet ensemble immobilier existe toujours, rue Baudin.
Le coq de la Planchette
Le coq en bronze aux ailes déployées du parc de la planchette, provient d’un monument aujourd’hui disparu.
Ce monument a été édifié en mémoire du Capitaine Braün et du Maréchal des Logis Martin, tous deux levalloisiens, tués au combat au Congo en 1899.
Le monument trônait place Chaptal, et était surmonté d’un coq en pied, les ailes déployées, en train de chanter. Depuis 1984, le coq en bronze, réalisé en 1907 a pris place devant la façade arrière du Club de la Planchette.
Cette sculpture est une des seules à avoir échappé « aux vendanges de bronze », car au moment de la Seconde Guerre mondiale, elle était cachée au sein de l’Hôtel de Ville. Si l’on connait aujourd’hui la destinée de ce coq, il en est autrement de celle du monument qui lui servait de piédestal, nul ne sait ce qui lui est arrivé.
Comme tous les ans depuis 1976, la première semaine de février voit s’ouvrir à Paris le Salon « Retro mobile ».
Encore aujourd’hui, s’il existe dans la mémoire collective une marque automobile qui allie luxe à la française et performances sportives, le nom de Delage vient rapidement. A l’occasion de ce prestigieux salon, je voulais vous dévoiler les débuts de la saga Delage dont l’origine est levalloisienne…
« Ne faire qu’une chose, mais bien la faire »
Derrière cette maxime se cache la devise d’un homme d’exception, qui a été au sommet de son art aux débuts de l’industrie automobile: Louis Delâge.
Il nait le 22 mars 1874 à Cognac dans un milieu modeste. Doué pour les études, il intègre l’école des Arts et Métiers d’Angers (tout comme un autre génie de l’automobile, Émile Delahaye). Il en ressort en 1893 avec un diplôme d’ingénieur et devient un « Gadzart » (ancien élève de l’école nationale des Arts et Métiers).
Une fois diplômé, il occupe différents emplois, comme dessinateur ou chef d’atelier dans différentes usines de mécanique générale. Passionné d’automobile, il crée en 1900 un bureau d’études qui travaille pour les principales marques de l’époque, et il est recruté par la société des automobiles Peugeot qui l’embauche en 1903. Il y est ingénieur chef du service des études situé à Levallois.
Sortie de l’usine Peugeot à Levallois
Là, il fait la rencontre d’un autre ingénieur des Arts et Métiers en la personne d’Augustin Legros.
Delage et Cie
Louis Delâge a 31 ans et aucune fortune financière, mais il souhaite retrouver sa liberté entrepreneuriale. Il quitte la maison Peugeot et crée, avec succès, sa propre société sous l’appellation Delage et Cie le 10 janvier 1905. Il convainc Augustin Legros de le rejoindre à la direction des études.
Les premiers ateliers sont implantés rue Chaptal, puis au 71 rue de Cormeilles (actuellement rue Anatole France) à Levallois.
En décembre 1905, lors du huitième salon de l’automobile de Paris, au Grand Palais, Louis Delâge expose sa première réalisation: un châssis Malicet et Blin, pouvant recevoir des moteurs monocylindres De Dion, et une boite de vitesse Delage (son premier brevet déposé en 1898). L’ensemble est assemblé dans un soucis de qualité et de rigueur.
Les débuts peuvent paraitre modestes avec une 36 ème place dans l’industrie française de l’automobile. En 1906, son usine levalloisienne produit 60 voitures et emploie seulement 25 personnes.
Mais Louis Delâge a une idée de génie pour faire connaitre sa marque. Il va utiliser les compétitions automobiles internationales comme moyen de promotion, en présentant au moins une voiture sur la ligne de départ. L’abondance d’articles dans la presse sportive lui assure une solide publicité, fait connaitre la marque et le fait « triompher » dans l’industrie française.
En 1906, la maison Delage et Cie se classe deuxième à la Coupe des Voiturettes.
Les années suivantes, les succès s’enchainent avec une première place au Grand Prix de Scheweningue (Pays-Bas, 1907), Au Grand Prix des Voiturettes de l’Automobile Club de France (1908), au Grand Prix de Sao Paolo (Brésil, 1909)…
Comme pressenti par Louis Delâge, le succès sportif entraine également le succès commercial de la marque. Les carnets de commande se remplissent rapidement, et la production triple en 1906 et 1907 pour atteindre 186 véhicules.
Les locaux deviennent trop petits pour répondre aux commandes. Le succès oblige l’usine à s’agrandir, et Louis Delâge déménage ses nouveaux ateliers de 4 000 m² rue Baudin, face à l’usine de chocolat Meunier.
Après les terribles inondations de la crue de 1910, Louis Delâge réfléchit à délocaliser sa production pour la protéger.
Direction Courbevoie
Louis Delâge choisit d’implanter en 1911, une nouvelle usine moderne à Courbevoie au 13 boulevard de Verdun. Néanmoins, il conserve ses locaux Levalloisiens, au cas où…
Il oriente son industrie vers la création d’automobiles Delage de prestige, tout en continuant à produire des voitures de course. La marque remporte de nombreux succès en compétition automobile, avec entre autre les Delage 2LCV ou Delage 15S8.
Delage et Cie est la première marque française à décrocher une victoire aux 500 miles d’Indianapolis (États-Unis, 1914).
Coupe des Voiturettes, Dieppe 1908
L’ensemble de ses succès permet à la marque Delage d’être un exportateur important.
A la veille de la Première Guerre mondiale, la production annuelle des 770 ouvriers de la marque est estimée à 2 000 voitures.
Durant la guerre de 1914-1918, la société Delage et Cie produit des véhicules pour l’effort de guerre, mais également des obus, tout comme les usines Clément-Bayard en bord de Seine.
En 1929, sort des usines une voiture prestigieuse, silencieuse, soignée dans les moindres détails: La D8de 23 CV, qui outre ses performances techniques, offre un choix entre trois longueurs de châssis.
Louis Delâge a créé plusieurs œuvres philanthropiques au sein de ses usines, notamment une allocation pour charge de famille, mobilisant un budget conséquent de plusieurs centaines de milliers de francs.
En outre, il assure la présidence de la société des anciens élèves des écoles nationales d’Arts et Métiers, avec pour objectif de développer et améliorer l’enseignement technique en France.
L’ensemble de ses engagements et sa contribution à la renommée française, valent à Louis Delâge d’être nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur en février 1925.
A partir de 1935, la marque est associée à la société Delahaye. En effet, la Grande Dépression des années 1930 oblige Louis Delâge à fermer ses usines, et à revendre les parts de son empire industriel à son principal concurrent Delahaye, dont il devient la filiale des modèles haut de gamme (avec notamment les Delage D8-100 et D8-120). La production Delage est transférée à l’usine Delahaye dans le 13 ème arrondissement de Paris.
Louis Delâge meurt le 14 décembre 1947 dans la commune du Pecq (Yvelines).
Si la marque disparait en 1953, l’histoire ne pouvait se finir ainsi. Quelques passionnés de la marque se regroupent et fondent le 15 janvier 1956, l’Association des Amis de Delâge, et tel un phénix, la marque automobile renaît en août 2020 par l’intermédiaire de l’entrepreneur Laurent Tapie avec un modèle d’hypercar hybride, baptisé Delage D12 produite à 30 exemplaires.
Delage était réputée pour le raffinement technique de ses voitures de luxe, et pour ses résultats en compétition (Delage sport automobile), entre 1906 et 1953, soit plus de quarante-cinq années.
Le blog vous propose un nouveau format: Pour ceux d’entre vous qui n’ont que très peu de temps, mais sont malgré tout curieux de découvrir l’histoire de Levallois, le blog vous propose de l’appréhender, succinctement, au travers d’archives.
Si ce nouveau concept vous convient, il reviendra tous les mois ! (en alternance avec un article) Alors n’hésitez pas à nous faire part de vos appréciations.
L’ Octroi
Il existait à Levallois 14 bureaux d’octroi répartis sur l’ensemble de la commune. Deux étaient communs avec les communes voisines (Neuilly et Clichy).
L’octroi est une contribution indirecte perçue par les municipalités à l’importation de marchandises sur leur territoire. Cette taxe frappait les marchandises les plus importantes et rentables telles que le vin, le sucre, l’huile…. Ainsi que le fourrage et le bétail.
Si l’octroi contrôlait les marchandises en transit, il contribuait aussi à limiter la contrebande. Ils ont disparu après la Seconde Guerre mondiale. 2 bureaux sont encore visibles : Rue Baudin et carrefour Bineau.
La maison LOUIT Frères & Cie
Il s’agit de l’entrepôt-vente de la Maison LOUIT Frères et C° implanté à Levallois en 1895, à l’angle des rues Paul-Vaillant-Couturier et Victor -Hugo.
D’abord consacrée essentiellement au chocolat, l’entreprise s’ouvre à d’autres produits, comme la moutarde, les pâtes, la vanille…
Le bâtiment existe encore aujourd’hui, et a été rehaussé de deux étages de façon intelligente, car ce changement passe presque inaperçu !